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Vaï 69

À l'Ouest de la Palmeraie et de la zone de Vaï, dans la cuvette centrale de la péninsule d'Itanos, au cœur d'une zone aujourd'hui intensément cultivée, les archéologues envoyés par l'École française d'Athènes en 1950 avaient remarqué la présence d'une importante structure minoenne sur la seule éminence naturelle des environs.

BCH 75 (1951), p. 195-198 (chronique des fouilles) : «Nous avons découvert des vestiges plus anciens sur une autre éminence à l'Ouest de la palmeraie (au Nord de la ferme de Vaï). Près d'une énorme broussaille deux pierres taillées situées dans le prolongement l'une de l'autre apparaissaient seules avant la fouille. Le sol à l'entour était parsemé de tessons minoens grossiers. Sous la broussaille se cachait un solide mur à redans, épais de 0 m. 70-0 m. 80 et construit au parement externe en gros blocs de calcaire dur sommairement taillés, à l'intérieur en pierres plus petites (calcaire et poros). Une seule assise est généralement conservée. À l'intérieur de ce mur, des cloisons plus minces délimitent de petites pièces. Malheureusement il ne reste plus qu'une partie de la ruine : tout ce qui occupait le sommet de la colline a été rasé et partout, aux environs, on rencontre immédiatement le sol vierge.

Dans la partie Est, une petite pièce rectangulaire (2 mètres x 2 m. 50 environ) était pourvue d'un dallage en schiste vert qui s'étageait en degrés suivant la pente, comme un escalier. À l'Ouest, deux autres petites pièces semblables s'ouvraient du côté Nord.

L'édifice paraît avoir été une maison particulière isolée, dont la céramique permet de préciser la date. Tout le rentrant que dessine le mur principal au centre de la fouille était occupé, à l'extérieur, par un dépôt de vaisselle mise au rebut. La proportion de tessons peints est considérable, le décor généralement soigné et bien conservé. Tous les documents caractéristiques datent du M.R. Ia. Les deux motifs de prédilection sont le “rameau feuillu” et les spirales qui se prêtent à des combinaisons variées. Les “coulures”, les mouchetures, le “rippled” sont également abondants. De nombreux tessons sont polychromes (bandes rouge orangé du M.R. Ia); d'autres, décorés en clair sur fond sombre, pourraient remonter à l'époque des premiers palais, mais la céramique de Vaï fait un tel usage des rehauts blancs encore au M. R. que cette datation est douteuse. La vaisselle commune, comme toujours abondante, ne présente aucune particularité notable (pithoi à cordes, marmites à trois pieds, centaines de coupelles parfois intactes). Les tessons les plus intéressants ont été transportés au Musée de Candie en vue de leur nettoyage et de leur recollage. Plusieurs se raccordent et certains vases pourront être recomposés.

Parmi les autres petits objets, on note, avec des fragments de stuc décorés de peinture rouge qui proviennent de fresques, quelques lames d'obsidienne et surtout des outils de bronze, eux aussi recueillis à l'extérieur de la maison, le long du mur principal : une herminette est dans un état de conservation parfaite. D'autres objets (une hachette qui semble porter des ornements gravés, un canif, des aiguilles, etc.) sont davantage oxydés».

Cinquante ans plus tard, les vestiges de la structure ont été fortement endommagés. Le temps n'est pas seul responsable : en 2004, le passage du bulldozer à proximité, dans le cadre de la réalisation en contrebas d'un gigantesque parking à autocars (inutilisé) destiné à desservir la plage de Vaï, a poussé contre les murs de la structure un amas de pierres qui gênent désormais la lecture du site. Les blocs du redans central se sont par ailleurs écroulés et il n'est plus possible aujourd'hui de retrouver au sol les murs intérieurs présents sur le plan dressé en 1950.

La brève notice parue dans le BCH constitue donc le témoin d'une structure qui s'efface progressivement du paysage, offrant des indications précieuses sur la seule structure de ce type qui ait été fouillée à Itanos ; le matériel reste cependant inédit. Les zones vallonnées de Kalamaki et de Stephanes conservent en effet plusieurs structures analogues (mentionnons au moins 25, 34, 146, 147, 148, 105, 50, 49, 51 et 35), pourvues d'un abondant matériel minoen en surface. La villa de Vaï est toutefois la seule à avoir livré de la céramique fine décorée, que la fouille a peut-être contribué à faire apparaître. Il est probable qu'une fouille pratiquée sur les structures similaires permette de dresser des plans aussi détaillés et de compléter l'étendue du matériel céramique. Notons, étrangement, parmi une céramique minoenne homogène, la présence de quelques tessons romains, signe peut-être de quelque fréquentation ultérieure, comme cela apparaît sur d'autres structures du territoire.



Chronologie: Pré/Proto-historique (Minoen Récent), Gréco-romain (Romain)


Fonction: Habitat


Photos:

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