P r o s p e c t i o n I t a n o s | ||||
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La zone de prospectionLa cité d’Itanos fait partie des rares cités grecques pour lesquelles nous disposons d’une description antique de la frontière (IC III, IV, 9 ; l’inscription est conservée au monastère de Toplou). Son territoire s’étirait de la pointe nord-est de la Crète (Cap Samonion) jusqu’aux hauts plateaux qui relient le golfe de Karoumès, à l’est, au golfe de Sitia, à l’ouest. Le territoire prospecté (en clair sur notre carte) équivaut à environ 20 km², soit à quelque 15% du territoire supposé de la cité hellénistique. Il s’agit de l’hinterland immédiat de la ville. La zone de prospection archéologique fut délimitée, au nord, par le premier isthme de la presqu'île de Travouni marquant le début d’une zone militaire et, au sud, par une ligne est-ouest arbitraire qui suit en partie le tracé de la route moderne allant de Toplou à Palaikastro. Parallèlement à nos travaux, une équipe grecque de la XXIVe Éphorie a entrepris une campagne similaire dans la zone militaire. Afin de systématiser la prospection, le territoire a été découpé en zones géographiques homogènes, respectant la diversité des sols et des paysages. Leur nom est emprunté à la toponymie locale : du nord au sud, Trapezes (1), Travouni (2), Vamies (3), Alatopatela (4), Soros (5), Itanos (6), Atzikiari (7), Kalamaki (8), Stephanes (9), Vai (10) et Gyalies (11). En grisé, au cœur de l’aire de prospection, les terres mises en culture ou occupées par la palmeraie de Vai. Durant les cinq campagnes, une équipe de cinq personnes a parcouru, GPS en main, les zones de prospection ainsi définies. L’attention s’est tout d’abord portée à vérifier au sol les observations faites sur les photos aériennes et à partir de diverses indications préliminaires. La prospection s’est ensuite étendue, de la manière la plus systématique possible en fonction des conditions du terrain, pour couvrir l’essentiel de l’aire envisagée. Ont été considérés comme sites toutes les anomalies d’origne anthropique présentant des vestiges repérables en surface. En l’absence de structures construites, les zones de concentration de tessons n’ont normalement pas été reportées sur nos cartes. Chaque site a ensuite bénéficié d’un échantillonage représentatif de matériel. Compte tenu de la masse de céramique livrée par certains sites et en raison des longueurs de traitement, nous avons en effet renoncé à procéder à des enregistrements exhaustifs, et donc quantitatifs. Bien que l’étude détaillée du matériel soit encore en cours, nous pouvons d’ores et déjà dresser une esquisse des grandes étapes de l’occupation de cette portion du territoire itanien au fil des siècles. L’occupation la plus ancienne semble remonter au Néolithique Final ou au Minoen Ancien (vers 3000 av. J.-C.) ; elle n’est pas particulièrement dense et se caractérise surtout par des sites de hauteur et des structures funéraires, comparables à ce que l’on trouve, à la même époque, dans la région de Zakro. Ces sites semblent désertés par la suite, car on ne repère aucune trace des nouvelles communautés qui s’installent à la fin de la période pré-palatiale (vers 2000 av. J.-C.). C’est à l ’époque minoenne néo-palatiale (Minoen Moyen III et Minoen Récent I, 1600-1450 av. J.-C.) que le paysage fut littéralement modelé par l’occupation la plus dense de toute l’histoire du secteur. Ce sont alors des sites aisément accessibles qui sont occupés. Une série d’établissements présentent en particulier un type de grosse bâtisse quadrangulaire, fortement érodée, généralement située sur une petite éminence et constituée de gros blocs non taillés. Ce type de structure est relativement fréquent dans la zone de plaine comprise entre le plateau de Kalamaki à l'ouest et les contreforts de Vai et de Gyalies à l'est. Certains de ces habitats avoisinent la route ancienne, de direction nord-sud, dont nous avons pu repérer quelques tronçons. Leur localisation résulte ainsi clairement d’une position stratégique et d’une situation proéminente dans le paysage. Par la suite, l’occupation de cette partie du territoire resta longtemps dispersée. Une quinzaine de sites tout au plus sur l’aire prospectée témoignent d'une fréquentation à l'époque archaïque (VIIIe-VIe siècles av. J.-C.), dont certains cependant dès le haut archaïsme (fin VIIIe-début VIIe siècle av. J.-C.). Dès le VIIe siècle, sur une colline surplombant la ville d’Itanos, un petit sanctuaire suburbain est installé, vraisemblablement dédié à Déméter. L’époque classique (Ve-IVe siècles av. J.-C.) ne semble pas avoir connu de grand changement, maintenant la même faible densité d’occupation des sols. La répartition de ces sites archaïques et classiques dans la plupart des zones nous assure toutefois que l'ensemble du territoire prospecté était alors exploité d'une façon ou d'une autre. Il faut attendre l’époque hellénistique (IIIe-Ier s. av. J.-C.) pour constater à nouveau une occupation dense du territoire. Les sites d’habitat du Minoen Récent semblent alors pour la plupart réoccupés, entrainant la création de nouvelles structures d’exploitation et de mise en valeur des sols sur l’ensemble de la zone prospectée. À côté des traditionnelles fermettes, on trouve alors plusieurs carrières de marbre, dont certaines qualités se retrouvent dans les édifices du centre urbain. Cette phase intense d’activités sur le territoire se poursuit sans solution de continuité à l’époque romaine. Au terme de l’arc chronologique envestigué, la zone de prospection paraît habitée au moins jusqu’aux VIe et VIIe siècles ap. J.-C., puis les traces d’occupation durable se font plus rares et s’étiolent durant l’époque médiévale jusqu'à nos jours . | ||||
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